Au retour du festival d'Angoulème, j'ai lu le livre de Richard McGuire,
Here (Ici, en français, et chez Gallimard).
Le principe narratif est simple comme tout mais très puissant.
A partir d'un même lieu, l'auteur explore différentes époques.
Une petite date figure dans un coin de chaque case.
Et ça marche. On revient un an, cinq ans, dix, vingt, 800 000 ans en arrière, on avance dans le temps aussi,
après le salon, nous, ce qu'on connaît : on revisite, de façon très...aérienne et légère les étapes d'appropriation
d'un lieu, de construction, peuplement, les régimes sociaux et politiques, mais aussi, surtout, des vies;
celles des occupants de l'endroit, du terrain, de la forêt, de l'immeuble, du salon.
Tous ces gens qui passent, qui agissent ou subissent des évènements qui pour eux sont essentiels mais qui,
remis à l'échelle de ce temps long, ne sont rien de plus que de l'eau sur le sable (oui, j'aime bien cette expression).
Il crée, à certains moments, des séquences, d'une double page à l'autre : là, le découpage devient incroyable,
et l'utilisation de la bande dessinée, les potentialités de lectures simultanées sont folles.
A d'autres moments il rassemble, par thématiques (le sommeil - la fête - la danse - le petit accident...),
tous ces êtres, humains ou non, qui se cotoient dans cet espace à travers le temps.
Tout ça en quoi? trois cent pages?
Ca peut paraître un peu obscur, sûrement, mais c'est une expérience de lecture assez vertigineuse.
Je ne peux que vous inviter à aller y voir de plus près, dans cet article par exemple, et surtout à lire ce livre.
***
Le procédé m'a un peu tourné la tête, alors j'en ai fait une forme de variante, sur un carnet, sans y réfléchir
comme à un truc fini, juste pour tester le truc. C'est tout ce qu'il y a de plus anecdotique, hein.
Comme je l'ai fait, je le mets là, ça va bien avec.
- Ah et des pages sont exposées en ce moment à la galerie Martel à Paris,
je n'y suis pas encore allé mais je suis sûr que c'est très bien (après avoir lu le livre) -